jeudi 15 novembre 2012


Un ultime extrait avant la sortie de l'e-book de "La confession d'Anthémios" !

Pas de post "documentaire" ce mois-ci sur le blog, je vous propose plutôt de découvrir un dernier extrait avant la sortie prochaine du livre numérique !

Il s'agit du troisième chapitre, celui qui était l'objet des deux derniers posts (voir en septembre et en octobre). Cliquez sur le lien "Plus d'infos" pour le lire entièrement.

Pour rappel, le deuxième chapitre est déjà disponible en extrait sur ce blog (voir en juillet) et le premier l'est sur Bookly.fr. Je vous laisse raccrocher les wagons...

Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser vos commentaires ou vos questions !

A bientôt.

Olivier.




                         CHAPITRE III
                 Des berges du Strymon
              aux rivages de l’Hellespont


                                                                              8

« Les premiers jours de notre voyage, nous suivîmes le cours du Strymon[1], dont les flots verts impétueux dévalent vers le sud. Nous n’en quittâmes pas les berges avant d’avoir atteint, quelques jours plus tard, son débouché sur la mer. Plus nous avancions et moins le froid se faisait sentir. Rapidement, la neige finit par disparaître, ce qui permit d’accélérer le rythme de notre voyage. Nous dormions dans des auberges, ou bien chez des connaissances d’Héraclius. Je me souviens que nous avons passé le premier soir dans un petit village - dont le nom m’échappe aujourd’hui, ma mémoire, relativement grande, n’est pas infaillible - au bord du fleuve. Cette localité était en partie habitée par des populations venues d’Anatolie, que l’empereur Nicéphore avait fait venir quelques années plus tôt, comme il l’avait fait dans l’ensemble des régions proches du royaume bulgare, en vue de peupler davantage ces provinces et de mieux les défendre. Là, nous avions dégusté de délicieuses truites, ainsi que de savoureux barbeaux que les villageois élevaient et puisaient dans des viviers. Nous nous sommes ensuite rendus à l’église, où était célébrée la nuit de l’Epiphanie. Le lendemain matin, je fus très étonné de découvrir une coutume particulière : de jeunes hommes, à peine plus âgés que moi, tout juste vêtus d’un pagne autour de la taille, malgré le froid vif, rivalisaient à plonger dans le fleuve pour rapporter une croix que le prêtre y avait jetée, non sans l’avoir auparavant bénie. Par cette tradition, était commémoré le baptême du Christ dans le Jourdain. Le plus stupéfiant est que chacun de ces hardis adversaires ressortait de l’eau sans le moindre mal. Une fois le lauréat célébré, tous allaient ensuite en courant, et dans de grands éclats de rire, se réchauffer dans une étuve préparée à cet effet.
La suite de notre itinéraire, le long du cours d’eau, fut sans histoire notable. Nous longeâmes les rives du lac d’Achinos, où se trouvaient plusieurs villages que nous traversâmes sans y faire halte. Sur notre gauche, le massif du Pangée nous toisait de ses hauteurs, ce qui nous confirma que nous n’allions pas tarder à atteindre la mer.  En effet, un peu plus tard, depuis un haut plateau, sur le site de l’acropole de l’ancienne cité d’Amphipolis, je découvris enfin le débouché du Strymon. Après d’ultimes méandres, le fleuve venait en un paisible delta terminer sa course dans l’immensité bleutée. Pour la première fois de ma jeune vie, je découvrais la mer. J’étais impressionné par cette sensation d’infini. A perte de vue le royaume de Poséidon m’exposait sa magnificence. Cette exaltation et l’excitation du voyage prirent le pas sur la tristesse et la mélancolie que j’éprouvais depuis mon départ, et je commençais à saisir les attraits de cette expérience.
Notre convoi descendit les collines qui dominaient le delta, et gagna Chrysoupolis, un petit port fortifié situé à proximité, où nous passâmes la nuit, et d’où nous embarquerions le lendemain matin pour l’Hellespont[2].
Aux aurores, nous prîmes place dans un navire marchand, après y avoir chargé nos bêtes et nos effets. Mon émerveillement de la veille ne s’était pas altéré. Je contemplais enfin de près l’élément marin : les embruns, l’odeur de la mer, le cri des mouettes, le vent du large, l’agitation de ce petit port, tout concourait à mon plaisir.
La mer était particulièrement agitée en cette journée d’hiver, mais le capitaine décida d’ordonner l’appareillage. Bien vite nous aurions quitté le port et gagné le large. »


                                                                                   9

« Notre bateau fendit les eaux du Golfe Strymonique en longeant, sur sa droite, les côtes déchiquetées de la péninsule de Chalcidique, couverte de forêts et ponctuée à son extrémité par le Mont Athos. Immensité pyramidale que je devinais, malgré la couche nuageuse qui entourait son sommet et qui intensifiait encore sa mystérieuse et fabuleuse aura mystique. Je n’ai pas eu le loisir d’apprécier longtemps ce paysage somptueux : le ciel était bas, la mer difficile et un terrible mal de mer me terrassa.