vendredi 22 mars 2013


Des images mystérieuses et controversées dans l'église du monastère !

Ce mois-ci nous retrouvons Anthémios lors de sa visite de l'église, pendant laquelle il découvre l'histoire de deux étranges icônes dont l'origine même s'avère mystérieuse : certains les pensent miraculeuses ou divines, d'autres diaboliques ou néfastes... Son maître Georges lui révèle la légende qui entoure ces icônes et qui est liée à un ancien moine du monastère, d'où le titre de ce sixième chapitre : "l'étrange histoire des icônes du moine Jean"...

Alors qu'il termine sa visite de l'église, Anthémios observe des icônes apposées sur des pupitres. Son attention est particulièrement attirée par deux icônes exposées dans un coffret en ivoire et formant un diptyque. 
Icône à l'encaustique représentant Saint-Pierre,
VIème siècle, Monastère de Sainte Catherine du Sinaï 

(Wikimedia Commons / Ghirlandajo)

Il constate d'abord que contrairement aux usages habituels ces images ne comportent aucunes initiales, ni objet ou signe distinctif confirmant qui est représenté sur l'icône. Cette particularité est remarquable puisque depuis les premiers âges de l'iconographie chrétienne il est d'usage d'indiquer qui est représenté sur une image, soit par des initiales, soit par un objet ou un animal symbolique. L'icône ci-contre, très ancienne, puisque datée du VIème siècle, l'illustre parfaitement : Saint-Pierre y est représenté avec des clefs en main.

Anthémios est surtout interpellé par l'icône située à gauche du ditptyque et représentant un homme inconnu dont il se dégage un fort magnétisme. Tandis que celle placée à droite représente manifestement une vierge à l'enfant. 

Dans un premier temps, Georges lui apprend que selon la légende ces icônes ne sont pas d'origine humaine mais divine. Elles sont dites "acheïropoiètes" (littéralement "non faites de la main de l'homme") et seraient donc apparues miraculeusement ! 

Négatif du Saint Suaire de Turin photographié en 1931
(Wikimedia Commons - Giuseppe Enrie)

De nos jours, l'exemple le plus célèbre d'une image miraculeuse reste le Saint Suaire de Turin mondialement connu. Mais il y en eut bien d'autre auparavant à commencer par l'histoire du Mandylion, aussi appelé "image d'Edesse". Dans cette ville du sud-est de l'actuelle Turquie, appelée aujourd'hui Urfa, était conservée une pièce de tissu sur laquelle aurait été miraculeusement imprimée l'image du Christ. Elle sera conservée jusqu'au Xème siècle à Edesse, avant d'être transférée à Constantinople et d'y être dérobée en 1204 lors du sac de la capitale par les Croisés.... transférée en France, Saint-Louis la placera en relique à la Sainte-Chapelle. Le Mandylion disparaîtra définitivement sous la Révolution, sans doute détruit.           
Abgar V, roi d'Edesse, recevant le Mandylion,
icône du Xème siècle (Wikimedia Commons)
Anthémios est épaté par cette révélation mais Georges lui explique que cette origine est controversée, car les contemporains de Jean étaient partagés quant à la nature de ces icônes : certains moines les pensaient effectivement divines, d'autres les estimaient diaboliques (d'autant qu'elles sont apparues en 666...) et il y a enfin ceux qui prenaient Jean pour un manipulateur. Le débat ne fut jamais totalement tranché, et les icônes finirent par faire partie du décor, d'autant plus qu'elles ne semblaient pas devoir porter préjudice au monastère.

Anthémios s'intéresse ensuite à l'identité du personnage inconnu. Georges lui confirme que cela reste un mystère. Il lui présente les différentes hypothèses évoquées lors de l'apparition de ces images : il pourrait s'agir de la véritable image de Dieu, de celle de l'Antéchrist ! ou celle de Satan lui-même ! ou plus simplement d'un autoportrait de Jean ? Le mystère reste encore entier...

Les deux hommes quittent ensuite le catholicon pour le réfectoire. Anthémios va prendre son premier repas au sein de la communauté. Il découvre à cette occasion les rites liés au repas (lecture des Saintes écritures, bénédiction, régime à dominante végétarienne, silence pendant le repas, etc...). 
Platon et Aristote, détail de la fresque de "L'Ecole d'Athènes"
de Raphaël, au Vatican, 1509 (Wikimedia Commons - Jacobolus)

Après le repas, Georges convie Anthémios au jardin près de l'église. Ce lieu est dédié à la contemplation et le maître en profite pour expliquer à Anthémios les vertus et les bienfaits de cette pratique. Georges lui expose les principes de cette démarche mystique et lui parle des Anciens qui défendaient déjà les approches contemplatives : Pythagore, Platon, Aristote ou les néoplatoniciens. Il met aussi en relief les difficultés et les bénéfices de cette démarche.  

Le maître compte ensuite présenter à son disciple les bases, l'histoire et les grands principes du monachisme mais cela fait l'objet d'un autre chapitre sur lequel nous reviendrons lors d'un prochain post.

A bientôt.

Olivier.