jeudi 21 août 2014

Faites le tour du front d'Orient le temps d'une balade à Paris ! 

Ce mois-ci, je vous propose de découvrir quelques hauts-lieux du front d'Orient en faisant une balade dans le 17ème à Paris ! Il existe en effet dans cet arrondissement un pâté de maisons - coincé entre la porte des Ternes, la porte de Villiers, le boulevard périphérique et celui des Maréchaux - dans lequel plusieurs rues portent des noms faisant référence à ce front spécifique de la Grande Guerre. 
Détail de l'enceinte Thiers (muraille, fossé et talus de défense,
où des enfants font paître leurs chèvres...) autour de Paris
au début du XXe siècle (Wikimedia Commons - Julien Demade)

Comme tous les périmètres de Paris situés aux abords du boulevard périphérique, l'espace dont nous parlons ici a été  aménagé et construit dans les années 20, en lieu et place des anciennes fortifications, remparts et bastions qui entouraient la ville depuis l'époque de Louis-Philippe et que l'on appelait l'enceinte Thiers. La photo ci-contre témoigne de l'aspect encore champêtre des abords de la capitale à cette époque...

Comme on sortait tout juste de la guerre, les nouvelles voies créées ou réaménagées furent nommées ou renommées en l'honneur de généraux, de batailles ou de hauts-lieux de la Grande Guerre. Paris s'est ainsi retrouvée ceinturée d'avenues, de boulevards ou de rues célébrant Verdun, Le Chemin des Dames, Pershing, l'Yser ou la Somme, etc... Quant à ce petit secteur du nord-ouest de Paris auquel nous nous intéressons aujourd'hui, il est donc plus spécialement dédié au front d'Orient avec plusieurs rues y faisant référence.
Détail du quartier évoqué dans le 17ème arrondissement (Google Maps)

Le pâté de maisons dont il est question se situe à l'emplacement de l'ancien bastion 50 qui contrôlait l'accès et le secteur nord-ouest de Paris. Trois rues y ont été baptisées du nom de théâtres d'opération liées au front d'Orient.
Le Bouvet, croiseur français, gravement touché par une mine turque
aux Dardanelles, le 18 mars 1915 (Wikimedia Commons)

Rue des Dardanelles :
Votre serviteur sur le terrain...
Située tout près de la porte des Ternes, cette petite rue est adjacente au boulevard Gouvion Saint-Cyr. Elle fait référence bien-sûr à l'expédition qui fut la première opération navale et militaire alliée sur le front d'Orient. Imaginée par Churchill, son objectif était de s'emparer des détroits turcs (Dardanelles et Bosphore) et de vaincre l'Empire ottoman afin d'établir une jonction avec les Russes et encercler ainsi les Empires allemand et austro-hongrois. Les différentes phases de cette campagne se sont étalées sur toutes l'année 1915 et ont abouti à un fiasco total pour les Alliés et à un repli sur Salonique.

Vue de la rue des Dardanelles, depuis le boulevard de Dixmuide
Ouverte en 1928, cette rue a pris officiellement ce nom en 1929.  Ce théâtre des opérations est par ailleurs le cadre principal du 2ème tome de ma saga...


Avenue de Salonique : A quelques dizaines de mètres de là, on trouve l'avenue de Salonique qui prolonge l'avenue de Dixmuide (avenue qui fait référence à une autre bataille de la Grande Guerre, mais en Belgique celle-ci...), laquelle est adjacente à la rue des Dardanelles. Cette voie a été ouverte et annexée par la ville de Paris sur un ancien terrain de la ville de Neuilly-sur-Seine en 1929. Elle a pris ce nom en 1936. 


Soldats français au bivouac, à Salonique, en 1915
(Wikimedia Commons - BNF, Agence Rol)
Salonique, après l'expédition des Dardanelles, fut la principale base alliée dans les Balkans. Les Franco-Britanniques y établirent un immense camp retranché de l'automne 1915 jusqu'à la fin de la guerre. Cette grande ville du nord de la Grèce servit de base arrière et de lieu de débarquement des renforts, du matériel et des munitions nécessaires aux opérations alliées dans les Balkans, que ce soit en Grèce ou en Serbie, face aux Bulgares ou face aux Austro-allemands. Plusieurs scènes de mon roman s'y situent également.

Rue du Dobropol : Nous bouclons ce petit tour par la rue du Dobropol, parallèle à la rue des Dardanelles, qui fait référence à l'ultime opération alliée sur le front d'Orient, en 1918. Le Dobropol (ou Dobro Polje) est un massif de la Macédoine serbe (dans le sud de l'actuelle Macédoine) par lequel les Alliés franco-serbes parvinrent à forcer le verrou bulgare le 15 septembre 1918. Cette bataille, menée par le général Franchet d'Esperey, commandant en chef des Armées Alliées en Orient, est une victoire décisive, car un boulevard s'ouvrait pour la libération de la Serbie et cette poussée alliée précipita la capitulation bulgare deux semaines plus tard. 

Comme la rue des Dardanelles, la rue du Dobropol a été ouverte en 1928, et nommée en 1929, sur l'emplacement du bastion 50.


Vue de la rue du Dobropol, depuis le boulevard de Dixmuide

Après cette petite escapade parisienne, le blog retrouvera le cours du tome 2 le mois prochain.

Bonne fin d'été et à bientôt.

Olivier.