mardi 23 septembre 2014

Des phénomènes paranormaux dans un caveau byzantin rempli de squelettes ! 

Après l'escapade parisienne du mois dernier, le blog retrouve le fil du Tome 2 avec un post consacré au deuxième chapitre. C'est dans ce chapitre qu'est décrite la découverte du caveau qui contenait notamment le coffret aux icônes dont a hérité le capitaine Saudal. Un caveau qui se révèle maudit et hanté... 

Au début de ce chapitre, que vous pouvez découvrir et lire dans son intégralité sur ce blog en consultant le post de février 2014, on apprend que le capitaine Saudal sait très peu de choses sur les circonstances de la découverte de ce caveau. Le lecteur apprend que celle-ci avait été accompagnée de phénomènes étranges que Lacourt avait préféré cacher à Saudal. L'officier est donc ignorant du caractère maléfique de cette découverte et n'imagine pas que ses propres tourments nocturnes ont un lien avec celle-ci. Quant à Lacourt, il était soulagé de ne plus posséder ces icônes et de les avoir transmis à sa hiérarchie. 

La suite du récit nous entraîne alors vers un flashback qui nous projette un peu plus de quatre mois en arrière, le 7 juin 1915, jour où le caveau fut mis au jour et enchaîne sur une retranscription en détail de cette découverte. En cela, ce chapitre est véritablement un passage primordial de ce deuxième tome, mais il incarne aussi le pitch fondateur de la saga ! 

Le contexte du front est rapidement présenté : l'enlisement des troupes franco-britanniques sur la péninsule impuissantes à percer la résistance turque. Près d'un mois et demi après le débarquement du 25 avril, le combat se résumait, comme ailleurs, à une guerre de position. C'est en fin de journée, alors que le 2e RMA est en première ligne, que le caveau fut découvert. Le 2e Régiment de Marche d'Afrique est le régiment dans lequel évoluent Saudal et Lacourt, les deux personnages principaux du roman. En tout cas c'est le régiment dans lequel ils sont affectés au début du roman... 
Insigne régimentaire du 4e RZ, modèle 1914
(Wikimedia Commons - Fantassin 72)

Un régiment de marche, dans le jargon militaire, est un régiment mis en place temporairement à partir d'unités issues d'autres régiments, généralement pour une campagne donnée ou une mission spécifique. Le 2e RMA en l'occurrence a été constitué spécifiquement pour intégrer le Corps Expéditionnaire d'Orient en mars 1915, à l'occasion de l'expédition des Dardanelles. Il est composé de trois bataillons issus de trois régiments de zouaves : 1 bataillon en provenance du 1er RZ basé à Alger, 1 autre issu du 3e RZ cantonné à Oran et 1 dernier tiré du 4e RZ situé à Tunis. 
Zouaves au début de la Grande Guerre
(Wikimedia Commons - Frank A Mumby, Gresham Publishing)
Le régiment est donc en première ligne et le 3e bataillon y a pour mission, ce jour-là, de rectifier une tranchée défectueuse en raison d'un angle mort. Ces travaux sont avérés dans le journal de campagne du régiment, le général Gauneval est même venu les inspecter et y a perdu la vie d'une balle dans le front, mais j'ai pris quelques libertés pour ma fiction en y ajoutant l'aide de quelques hommes du 1er bataillon mais aussi de tirailleurs sénégalais issus du 7e Régiment Mixte d'Infanterie Coloniale, un régiment lui aussi créé pour les Dardanelles et mixte car composé d'un bataillon d'infanterie et de deux bataillons de tirailleurs sénégalais.

Le groupe d'hommes qui va découvrir le caveau est justement issu de cet effectif complémentaire, puisqu'il est composé de trois zouaves du 1er bataillon, l'adjudant Castaing et les soldats Benhamou et Lacourt, et de deux tirailleurs du 7e RMIC, N'Diaye et Diop. Ils sont à l'écart, employés à creuser un boyau annexe, lorsque Benhamou finit par trouver, en creusant, l'entrée d'un petit tunnel caché derrière une dalle. Intrigué, il interpelle ses voisins. L'adjudant est inquiet , craignant que ce ne soit un tunnel menant à une cache occupée par les Turcs. Il demande alors à N'Diaye d'y pénétrer pour vérifier et lui donne son briquet et son revolver. Le tirailleur s'y rend à contre-coeur et s'engage dans le tunnel. Lorsqu'il en ressort, il apparaît complètement hagard et dissuade tout le monde d'y entrer, car selon ses propres mots c'est "l'entrée du pays des morts"... et c'est cette expression qui a donné son titre à ce chapitre...

Le caveau où furent enterrés les moines massacrés onze siècles plus tôt, dans le Tome 1, vient ainsi d'être retrouvé par le plus grand des hasards. Agacé par la réaction de N'Diaye, l'adjudant Castaing reprend son arme et son briquet et décide d'aller voir par lui-même, sous terre, où conduit ce tunnel. Il le parcourt à quatre pattes sur environ 5 ou 6 mètres, trouve une plaque métallique gravée de caractères grecs - celle qu'Anthémios et la sorcière y avaient déposée 1 100 ans plus tôt - la repose rapidement, poursuit son avancée et tombe sur un squelette en arrivant au débouché du tunnel. La pièce à laquelle il aboutit est remplie de squelettes et d'objets religieux byzantins. Une icône lui cause d'ailleurs une frayeur, pensant être observé par quelqu'un au fond du caveau 

Il est vite rejoint par Benhamou et Lacourt, tandis que les deux tirailleurs préfèrent rester à l'extérieur. Ils comprennent vite qu'ils n'ont pas à faire à une tombe mais plutôt à un charnier, voyant bien que les morts ont dû être violentes pour les malheureux qui reposent là. Il n'y a que Lacourt qui porte un regard sur l'aspect archéologique de la découverte. Il est le premier à comprendre que ce caveau et les objets qu'il contient sont médiévaux et byzantins. C'est le plus jeune et le plus cultivé d'entre eux, dans le civil il est étudiant en droit et est passionné d'archéologie. Il a par ailleurs des connaissances en Grec. 

Au bout de quelques instants, ils finirent par ressentir des frissons, les lieux s'étant remplis d'une fraîcheur étrange. Tous la ressentait mais aucun ne se l'expliquait, car aucun courant d'air ne balayait le caveau. 

En poussant ensuite les investigations, Lacourt finit par tomber à son tour sur la plaque métallique gravée de Grec, la tablette de défixion du 1er Tome. Il leur expliqua que ce genre de message exprimait une malédiction mais cette information n'intéressa guère ses interlocuteurs. L'adjudant lui demande néanmoins s'il arrive à lire quelque chose . Lacourt lui confirme que c'est du Grec médiéval et qu'il s'agit assurément de la formulation d'une malédiction bien qu'elle soit quasi illisible. Il ne peut d'ailleurs pas lire en détail ce qu'elle énonce et la place dans la poche de sa vareuse. Les tablettes de défixion furent un support de sorcellerie fréquemment utilisé dans l'ensemble du monde gréco-romain durant toute l'Antiquité, on en a retrouvé dans plusieurs pays : Grèce, Italie, France, Egypte,  etc  Elles étaient le plus souvent en plomb, comme celle de mon roman, mais on en retrouvé dans d'autres métaux et d'autres matières, en papyrus, en argile, etc... les plus récentes trouvées datent du IVe siècle, comme celle figurant sur la photo ci-dessous trouvée à Rome. 
Tablette de défixion en plomb énonçant une malédiction en grec contre un certain Kardelos,
IVe siècle après JC, Colombarium de la Villa Doria Pamphilj à Rome
(Wikimedia Commons - Jastrow)
Castaing et Benhamou finissent par s'en désintéresser de nouveau et, alors qu'ils allaient sortir du caveau, tombent peu après sur un coffret en ivoire. Ils pensent aussitôt avoir à faire à un trésor mais ils sont déçus en l'ouvrant : il contient de nouvelles icônes. Mais Lacourt, lui, en voit aussitôt la valeur historique ou artistique ce qui ravive l'intérêt de Castaing et de Benhamou. La cupidité des deux pieds-nickelés est attisée et se confronte au point de vue idéaliste de Lacourt qui ne rêve, lui, que de découverte et de gloire archéologiques...
Canon de 150 mm actionné par des artilleurs turcs aux Dardanelles en 1915
(Wikimedia Commons - Deutsches Bundersarchiv)

Dehors, les bombardements turcs agitent la zone mais les hommes à l'intérieur du caveau ne s'en inquiètent pas encore, pourtant les deux tirailleurs à l'extérieur les exhortent à sortir. Tout à coup, Benhamou fut pris d'un sursaut, une main venait de le saisir à l'épaule mais ce ne pouvait visiblement pas être Lacourt ni l'adjudant qui venait de le toucher... un sentiment de peur et de nervosité commença à envahir les trois hommes. Ils se hâtent donc de terminer leur fouille du caveau. 

En inspectant de sa lampe les parois, Benhamou poussa un cri d'effroi en voyant apparaître des lettres de sang s'écrire sur le mur. Une main invisible était en train d'inscrire un message en caractères grecs ! Tout le monde est témoin et tous sont stupéfaits devant ce phénomène. Ils comprennent que le lieu est hanté, s'enfuient aussitôt et n'emportent avec eux que le coffret contenant les deux icônes que Castaing portait sur lui. Lacourt reste quelques instants de plus dans le caveau pour tenter de lire quelque chose dans ce message mais finit par rejoindre les autres fuyards.

Dehors, les trois zouaves s'enfuient précipitamment , les deux tirailleurs, irrités par cet empressement imprudent, finirent par les suivre dans leur fuite. Quelques instants après deux obus turcs vinrent s'abattre sur le caveau le réduisant à un énorme cratère. 
Tireurs turcs dans une tranchée
à Gallipoli en 1915
(Wikimedia Commons - Deutshes Bundesarchiv)

Les cinq fuyards s'en sortent indemnes mais sont vite repérés par des tireurs turcs. Lesquels finissent par toucher Diop, le dernier du groupe de fuyards. Blessé grièvement, il gît à terre et N'Diaye vient lui porter secours. Le tirailleur parvient à emmener son camarade jusqu'à la première ligne tenue par le 2e RMA. 

Ils y retrouvent les trois zouaves encore terrorisés. Après une longue attente, N'Diaye parvient à trouver de l'assistance en alertant des brancardiers sénégalais qui finirent par évacuer Moussa Diop, mais celui-ci décèdera dans la nuit. N'Diaye est furieux contre les trois zouaves car c'est leur imprudence qui a mis en danger la vie de son camarade et ne manque de le leur faire savoir. Mais les zouaves restent muets, ils sont encore sous le coup de ce qu'ils ont vu dans le caveau et ne veulent absolument pas en parler. Ce secret liait désormais Castaing, Lacourt et Benhamou. Le coffret et ses icônes, seuls objets rescapés du caveau qu'ils on profané avant qu'il ne soit anéanti, symbolisaient ce secret et allaient devenir le véhicule de la malédiction d'Anthémios désormais réveillée après onze siècles de sommeil...

A bientôt.

Olivier.