samedi 3 mars 2018




La malédiction d'Anthémios se révèle à Pierre Lacourt ! 




Le blog reprend le fil du deuxième tome, en ce début d'année, en abordant le quinzième chapitre. "Fil" est bien le mot qui convient puisque ce chapitre est entièrement constitué d'une conversation téléphonique. Pas n'importe laquelle puisque c'est à travers celle-ci que Pierre va avoir confirmation, par l'intermédiaire du Père Delattre, que sa plaquette de plomb contient bien une malédiction et qu'il se retrouve visé par celle-ci... Au gré de ce post, vous découvrirez la teneur de cette malédiction qui se révèle à Pierre durant ce long échange téléphonique.  

Intitulé justement "Révélations au bout du fil", ce quinzième chapitre se situe début janvier 1916, alors que Pierre vient de réintégrer le 4e Régiment de Zouaves, à la caserne Saussier de Tunis, après sa permission à Alger durant les fêtes de fin d'année. Il est occupé à préparer son paquetage en vue de manœuvres imminentes dans le Sud tunisien, lorsqu'il est appelé un matin par un sous-officier. Celui-ci lui apprend qu'un religieux qui se présente comme un père blanc cherche à le joindre au téléphone de la caserne et cela de manière insistante. Pierre comprend bien sûr qu'il s'agit là du Père Delattre. 
Entrée de la caserne Saussier, carte postale du début du XXe siècle
(Mohamed Hamdane - Delcampe.net)

Pierre se rend dans un bureau de la caserne où un lieutenant lui tend le combiné. Au début de la conversation, les deux hommes se présentent mutuellement leurs meilleurs vœux pour la nouvelle année qui démarre tout juste, puis ils en viennent très vite au but de leur conversation. 

Le Père Delattre confirme à Pierre que son équipe a réussi déchiffrer en grande partie la tablette de plomb. Le jeune homme lui indique qu'il a peu de temps devant lui puisqu'il doit partir le jour-même en manœuvre dans le désert. Le religieux lui assure qu'il sera bref et lui annonce d'emblée que la plaquette contient bien une malédiction, malgré les difficultés à lire certains passages du fait de l'oxydation.
Hécate représentée sur une illustration de Stéphane Mallarmé,
tirée d'une édition des Dieux Antiques : nouvelle mythologie illustrée (Paris - 1880) 

(Wikimedia Commons)

Il lui précise que le texte débute par une introduction dans laquelle est invoquée respectueusement la divinité à qui est demandée l'intercession. Ce qui est classique dans ce genre de texte. Pierre y apprend que la divinité en question est Hécate, et il sait que celle-ci régit la sorcellerie, les cauchemars ou l'apparition de spectres. 

L'énoncé se poursuit ensuite en présentant celui qui fait cette invocation et qui est donc l'instigateur de cette malédiction. On y apprend que celui-ci se nomme Anthémios, comme l'un des architectes de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople, et que ses parents s'appellent Justinien et Eudoxie, mais on ne parvient pas à lire d'où viennent ces personnes et rien n'indique leur qualité. La phase introductive s'arrête là et le texte passe ensuite à la formulation de la malédiction en elle-même.

Il y est indiqué que toute personne qui pénétrera dans ce tombeau sera maudit. Pierre comprend qu'il s'agit du caveau dans lequel il a trouvé cette plaque et les icônes, et il change tout à coup d'attitude. Plutôt à l'aise jusque là et enjoué, il devient livide et silencieux lorsqu'il comprend qu'il est effectivement visé par cette malédiction. Le texte confirme ce qu'il craignait et pressentait. Tous ceux qui ont pénétré dans ce caveau sont morts depuis, à part lui. Il ne voit pas pourquoi il y échapperait, lui.

Il demande alors à en savoir plus sur la suite de la malédiction. Le Père Delattre lui répond que dans ce caveau reposent des moines qui ont été massacrés, ainsi qu'un certain Georges qu'Anthémios présente comme son maître. Pour le prêtre-archéologue qu'est le Père Delattre, c'est le passage le plus intéressant de la tablette, car, fait-il remarquer à Pierre, le terme de "moines" fait forcément référence à l'ère chrétienne alors que l'usage d'une plaquette pour la sorcellerie renvoie à l'Antiquité. Pierre ne voit pas les choses de la même manière et repense à ce qu'il a vécu aux Dardanelles lorsque Benhamou disait avoir vu des revenants dans le no man's land et que ceux-ci avaient l'air de moines...  

Pierre comprend mieux de quoi il en retournait et est de plus en plus inquiet. Il se confie auprès du Père Delattre sur cette vision que prétendait avoir eu Benhamou. Delattre s'en amuse mais comprend que Pierre la prend, lui, très au sérieux. Le jeune homme lui demande alors encore davantage de détails sur la malédiction.

Le père blanc lui apprend que la malédiction vise tous ceux qui profaneront cette tombe et tous ceux qui y déroberont le moindre objet qu'elle contient, ou qui se les approprieront, en feront commerce ou leur porteront atteinte. Anthémios y demande que la colère d'Hécate s'abatte sur eux et cela par delà les siècles, les mers et les monts. Pierre comprend alors qu'il est doublement visé par cette malédiction. Il l'est en tant que profanateur de la tombe et il l'est aussi en tant que pilleur d'objets, aussi bien intentionné soit-il.    
Figure noire attique représentant Hécate
accompagnée d'un grand chien et tenant un arc et une double torche enflammée
(Wikimedia Commons - Université de Tûbingen)

Pierre devient absent de la conversation alors que Delattre, qui a fini d'expliquer le contenu de la plaquette, commence à se poser des questions sur l'histoire que révélait le déchiffrage de cette tablette. Il se demande notamment dans quelle circonstance avait eu lieu le massacre des moines évoqué par cet Anthémios. Pierre émet quelques hypothèses sans conviction, plus par politesse vis-à-vis du religieux plutôt que par intérêt. Lui n'est pas un simple observateur dans cette malédiction, contrairement à Delattre. Pierre évoque aussi évasivement des envahisseurs ou des brigands, mais Delattre songe de son côté à des querelles religieuses ou à une répression d'adversaires partisans d'une doctrine religieuse différente, le contexte byzantin de l'époque pouvant se prêter à ce scénario.

Delattre fait par ailleurs remarquer à Pierre qu'il est doublement surpris par Anthémios.  Car si ce dernier semble être un élève ou un novice dans un monastère, il est d'une part étonnant qu'il se soit adonné à la sorcellerie et qu'il fasse d'autre part autant d'erreurs dans ses écrits. Delattre a en effet constaté de nombreuses fautes dans le texte de la malédiction. Il en conclut que la plaque a été gravée par un tiers peu lettré, sans doute un sorcier, ou une magicienne, issu d'une couche populaire. 

Le Père Delattre conclut alors la conversation et laisse Pierre finir ses préparatifs pour son départ en manœuvre dans le désert. Il lui souhaite enfin bonne chance. Pierre le remercie pour son aide et le temps qu'il lui a consacré. Il raccroche alors le téléphone sous les yeux interloqués de l'officier à qui la conversation traitant de revenants n'a pas échappé. 
Cour de la caserne Saussier, photographie du début du XXe siècle
(Mohamed Hamdane - Delcampe.net)

Pierre prend ensuite la direction du dortoir afin d'y boucler son barda et repense, alors qu'il traverse la cour de la caserne, à sa conversation avec Delattre. Bien sûr, il est inquiet, mais il a l'espoir d'échapper à cette malédiction car pour le moment il a été épargné alors que cela fait déjà six mois qu'il a profané cette tombe et emporté les icônes. Il a survécu bien plus longtemps que tous les autres découvreurs de ce caveau.

Il évolue donc dans l'inconnu quant à son propre sort, mais il n'en apprécie que plus la valeur de la vie et de tout ce qui la compose, ses envies, ses passions et surtout son amour pour Madeleine.

A bientôt.

Olivier.     

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